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Croyez-vous connaître les Chartrons ?

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  • Publication publiée :20 octobre 2025
  • Post category:Réalisations
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Les Chartrons, on croit connaître… On flâne le long des quais en oubliant les gabares « ventrues » chargeant et déchargeant leurs barriques de vin. La barrique, voilà le mot ! Fut un temps le vin ne voyageait qu’en tonneau. La bouteille était un luxe. Un caprice fragile incapable de traverser les mers. Puis un jour, Pierre Mitchell débarqua d’Irlande. Ce « charpentier de barriques » a eu la bonne intuition. Il rapporte des Îles britanniques en 1723 le charbon. Le charbon qui permettra de créer un verre plus sombre, plus épais et beaucoup plus robuste grâce à un feu continu et puissant. Son four était à l’époque visible de toute la ville, pour le plus grand malheur de la Pierre de Bordeaux. Il créa la bouteille bordelaise qui devint la norme universelle.

La révolution est en marche

Grâce à Mitchell, le vin peut vieillir, se bonifier et voyager. Tout ce dont Bordeaux avait besoin. Le vin a gagné la course contre le temps. Cet Irlandais, pré-industriel de génie, a offert au vin de Bordeaux un passeport pour l’éternité. La prochaine fois que vous arpenterez la rue d’Aviau qui longe le Jardin Public, ou que vous vous arrêterez Place Mitchell, vous saurez qu’ici, des artisans ont façonné des régiments de bouteilles robustes disséminées à travers le monde.

Oublions le vin un instant, restons à l’air industriel

Pensons au froid et à l’hiver humide qui s’engouffre dans les Chartrons depuis la Garonne. Pendant des siècles, comment se chauffe-t-on ici ? Avec d’immenses cheminées qui engloutissent des forêts entières, qui noircissent les murs (et qui, soyons honnêtes, chauffent à peine le dos de celui qui leur tourne le dos) !

La Révolution industrielle amena en France le fer, la fonte et l’acier ! On le voit d’ailleurs s’exprimer sous la structure métallique de la Halle des Chartrons, érigée en 1869. Cette modernité ne va pas rester dehors, sur la place du marché. Elle va également s’inviter à l’intérieur, dans les salons des hôtels particuliers.

C’est ici que notre radiateur en fonte entre en scène !

Pour les riches négociants en vin des Chartrons, ces Irlandais, ces Allemands, ces Flamands qui ont fait fortune, installer le chauffage central est un signe de réussite suprême. C’est autant un confort qu’une affirmation de son statut. On ne cache pas ces objets. Au contraire ! On les exhibe presque. Ce sont des sculptures, des œuvres d’art. On les choisit fleuris, ouvragés, avec des motifs rococo. C’est un clin d’oeil au passé, tout en étant la preuve que l’on est à la pointe du progrès. Après tout, c’est la machine qui a dompté le feu, qui le distribue de façon égale, propre, continue.

Aujourd’hui, quand on rénove un appartement aux Chartrons et qu’on tombe sur un de ces magnifiques radiateurs d’époque, on doit avoir tout cet historique en tête. On a face à nous le témoin silencieux de cette opulence, de cette course à la modernité qui a animé les plus beaux quartiers de bordeaux à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

Image à la une par tatlin de Pixabay

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