Si vous vous promenez dans le Triangle d’Or bordelais, vous admirerez ces façades magnifiques, claires et dorées sous le soleil d’automne ☀️. Faisons une courte pose entre une page à propos du thermolaquage et un contenu à propos des gonds à visser. Sortons de l’atelier pour parler FAÇADE. Car vous le verrez, ces murs que vous contemplez dans l’hyper centre bordelais sont des livres d’histoire. Des témoins discret d’une autre époque
Une matière cachée dans le sous-sol de l’Entre-deux-Mers
La « pierre blonde » vient du coeur de l’Entre-deux-Mers. Cachée en Gironde depuis toujours ! Plus précisément de Frontenac, à une quarantaine de kilomètres. Depuis les gallo-romains, on extrait ce calcaire tendre des carrières. ⚠️ Et sachez que c’est toujours le cas aujourd’hui ! Cette carrière de Frontenac est la dernière en activité. Elle fournit encore aujourd’hui la « pierre de Bordeaux » pour restaurer nos monuments, comme la flèche Saint-Michel (en rénovation) qui s’élance à 114 mètres au-dessus de la ville.

Image par Julia Casado de Pixabay
Cette pierre calcaire est poreuse. Très (trop) poreuse. Elle respire, elle absorbe, elle est comme vivante. C’est une véritable éponge !
Quand Bordeaux s’est couverte de suie
Aux XVIIIe et XIXe siècles, (nous sommes en pleine Révolution industrielle), l’Europe toute entière se couvre d’une fumée noires : le charbon comme source de chaleur ! Dans les locomotives, dans les usines, dans les ateliers, sur la Place Mitchell et dans les cheminées. La pierre (poreuse) de Bordeaux a tout absorbé. Littéralement ! Les particules de suie, le soufre et les hydrocarbures. Tout s’est infiltré, strate par strate et décennie après décennie. Environ 100 ans de cette pollution industrielle s’est déposé sur les façades. vous le constaterez sur les vieilles photographies – et il faut vraiment les regarder, ces photos, elles sont saisissantes – . Une époque révolue, mais figée dans la pierre.
Bordeaux a depuis retrouvé ses couleurs
Dans les années 1970, puis surtout à partir des années 1990, on décide petit à petit de ravaler ces façades. Le chantier est immense. Ce n’est pas un simple coup de peinture ! C’est une « dé-pollution architecturale » qu’il faut lancer. Et à grande échelle. Les artisans (et pas que les décapeurs), avec l’hydro-gommage (un sablage doux) – ont décapé un siècle de « crasse industrielle », et ce mètre carré par mètre carré, la pierre noire s’éclaircit, s’éclaircit encore… Et là dessous, c’est les retrouvailles ! La couleur blonde originelle renaît ! Chaude, presque dorée, que les bâtisseurs du XVIIIe siècle avaient imaginé.
C’est la beauté de notre métier. Nous permettons aux surface de remonter le temps. Alors certes, ce n’est pas Retour vers le Futur, mais c’est quand même pas mal.

Nous venons d’effacer « d’un coup de chiffon » les fumées de la révolution industrielle pour retrouver le visage originel de la Bordeaux. Du noir au blond en quelques décennies ! Ce n’était pas gratuit, mais ça valait le coup !
Un goutte d’ironie 🍷
Bordeaux, contrairement aux autres métropoles françaises, n’était pas si industrialisée au XIXe siècle ! La « haute » bordelaise préférait investir dans la vigne, dans le négoce, plutôt que dans l’industrie. C’est la pollution des autres – celle qui voyageait dans l’air, celle des locomotives qui passaient – qui a noirci nos façades. La Pierre de Bordeaux est poreuse, et pas qu’un peu.
Aujourd’hui, quand vous vous promenez le long de ces rues élégantes, quand vous levez les yeux vers ces immeubles XVIIIe aux balcons en fer forgé parfaitement thermolaqués, vous regardez en réalité le résultat d’une formidable entreprise de rénovation. Vous voyez Bordeaux telle qu’elle était « avant avant« . Avant la Révolution industrielle + Avant les fumées noires. C’est ça, la magie de Bordeaux: une ville renait de ses cendres !
Imagine à la une par BERNARD EYRAUD de Pixabay

